Rap­port d’ac­ti­vi­tés SAMENTACOM / Côte d’I­voi­re, 2019–2020

Le rap­port annu­el actu­el du pro­jet SAMENTACOM

L’en­ga­ge­ment de la MCF à Pié­la / Bur­ki­na Faso

Rap­ports sur le tra­vail de Yenfaabima

Rap­port annu­el 2019–2020

Vous trou­ve­r­ez ici le rap­port annu­el 2019–2020 de not­re fondation

Rap­port de not­re voya­ge en Côte d’I­voi­re en avril 2019 et état d’a­van­ce­ment du pro­jet SAMENTACOM

Gesi­ne Heet­der­ks et Micha­el Hup­pertz
Mind­ful Chan­ge Foundation


Du 1er au 11 avril 2019, nous nous som­mes ren­dus en Côte d’I­voi­re pour voir com­ment le pro­jet SAMENTACOM (San­té Men­ta­le Com­mu­n­au­taire) à Bouaké, finan­cé par not­re fon­da­ti­on, a pro­gres­sé et com­ment il peut être déve­lo­p­pé. SAMENTACOM vise à mett­re en place une pri­se en char­ge socio-psych­ia­tri­que des per­son­nes att­ein­tes de mala­die men­ta­le et épi­lep­tique. Le pro­jet a été initié lors de not­re séjour en Côte d’I­voi­re en jan­vier 2018 — déclen­ché par les infor­ma­ti­ons inquié­tan­tes faisant état de mala­des men­taux vivant sans aide médi­ca­le dans les con­di­ti­ons les plus dégrad­an­tes dans les pays pau­vres d’Afri­que et d’A­sie — et a com­men­cé à tra­vail­ler depuis lors.

Not­re visi­te actu­el­le a été soi­gneu­se­ment pré­pa­rée et orga­ni­sée par le chef de pro­jet, le psych­iat­re ivoiri­en Prof. Koua de l’Uni­ver­si­té de Bouaké, et son équi­pe. Out­re le pro­fes­seur Koua, l’é­qui­pe en char­ge com­prend un aut­re psych­iat­re, deux psych­ia­tres encore en for­ma­ti­on, un socio­lo­gue, un agent de san­té (membre du per­son­nel d’un des cen­tres de san­té), un phar­ma­co­lo­gue, un avo­cat, deux géo­gra­phes et un assi­stant. Nous avons par­ti­ci­pé aux travaux sur tous les chan­tiers con­cer­nés par le pro­jet. Nous avons par­ti­ci­pé à plu­sieurs dis­cus­sions avec le per­son­nel, mais aus­si avec des pati­ents et des par­ents, et les sug­ges­ti­ons de not­re part con­cer­nant le tra­vail en cours et le déve­lo­p­pe­ment ulté­ri­eur du pro­jet ont été bien­ve­nus. Les ques­ti­ons cri­ti­ques étai­ent éga­le­ment les bien­ve­nues. 

Les princi­paux sujets de not­re voya­ge étaient:

1. Le déve­lo­p­pe­ment du tra­vail psych­ia­tri­que et neu­ro­lo­gi­que dans les cen­tres de san­té exi­s­tants;

2. la for­ma­ti­on con­ti­nue sur les aspects psy­cho­so­ci­aux du trai­te­ment et le déve­lo­p­pe­ment de la super­vi­si­on;

3. la coo­pé­ra­ti­on avec les Camps de Priè­re (CdP);

4. coo­pé­ra­ti­on avec l’au­to­ri­té phar­maceu­tique natio­na­le pour assu­rer l’ap­pro­vi­si­onne­ment en médicaments.


1. le déve­lo­p­pe­ment du tra­vail psych­ia­tri­que et neu­ro­lo­gi­que dans les cen­tres de san­té existants

En Côte d’I­voi­re, les soins sont dis­pen­sés à l’é­chel­le natio­na­le dans de petits cen­tres de san­té simp­les qui sont respons­ables de tou­tes les ques­ti­ons de san­té, mais qui ne trai­tent géné­ra­le­ment pas les pati­ents psych­ia­tri­ques ou épi­lep­ti­ques. L’ob­jec­tif est donc de per­mett­re à ces cen­tres de san­té de prend­re en char­ge ces pati­ents. SAMENTACOM a donc initié un pro­jet pilo­te dans 10 cen­tres de san­té, princi­pa­le­ment dans la zone rura­le de Bouaké. Jus­qu’à pré­sent, on s’est pen­ché sur l’ai­de psych­ia­tri­que qui y est déjà dis­po­nible, des heu­res de con­sul­ta­ti­on psych­ia­tri­que ont été fixées et une super­vi­si­on régu­liè­re par le per­son­nel du pro­fes­seur Koua sous la for­me de trai­te­ments locaux con­joints a com­men­cé. L’un des princi­paux pro­blè­mes du pro­jet était de trou­ver les pati­ents dans les vil­la­ges et les camps de Priè­re, de les rend­re visi­bles et de leur per­mett­re de rece­voir des soins. A l’a­ve­nir, ce doit être l’u­ne des tâches des agents de san­té, qui seront for­més dans le cad­re du projet.

Le trai­te­ment médi­ca­men­teux des psy­cho­ses et des épi­lep­sies est un pas en avant essen­ti­el. La néces­si­té d’u­ne for­ma­ti­on psy­cho­so­cia­le sup­plé­men­taire pour ceux qui tra­vail­lent avec les mala­des men­taux a tou­jours été évi­den­te, non seu­le­ment pour qu’ils puis­sent mieux répond­re à leur situa­ti­on men­ta­le et socia­le, mais aus­si pour qu’ils puis­sent eux-mêmes mieux fai­re face aux dif­fi­cul­tés qu’ils ren­con­t­rent dans leurs rap­ports avec les mala­des men­taux. Nous avons été impres­si­onnées par une ren­cont­re avec une cin­quan­tai­ne de sœurs catho­li­ques, dont cer­tai­nes sont respons­ables d’un pos­te de san­té et d’au­tres ont reçu une for­ma­ti­on psych­ia­tri­que du pro­fes­seur Koua. Elles sem­b­lai­ent très moti­vées et, en même temps, elles par­lai­ent de nombreu­ses situa­tions avec des mala­des men­taux, dans les­quel­les elles  se sen­tai­ent impuis­san­tes et par­fois effray­ées. Le désir d’u­ne super­vi­si­on men­su­el­le a été expri­mé et il est deve­nu évi­dent qu’ils avai­ent besoin de beau­coup de soutien.

2. For­ma­ti­on sur les aspects psy­cho­so­ci­aux du trai­te­ment et déve­lo­p­pe­ment de la supervision

Nous avons fait l’ex­pé­ri­ence de la super­vi­si­on dans l’un des dix pos­tes de san­té du pro­jet. L’u­ne des infir­miè­res a par­ti­ci­pé à la for­ma­ti­on psych­ia­tri­que de base avec le pro­fes­seur Koua. La con­sul­ta­ti­on a été menée par cet­te infir­miè­re en col­la­bo­ra­ti­on avec un psych­iat­re de l’é­qui­pe. Cela aura lieu une fois par mois à l’a­ve­nir. Au cours de la con­sul­ta­ti­on, la plu­part des pati­ents ont souf­fert d’é­pi­lep­sie, cer­tains ont eu des rechu­tes par­ce qu’ils avai­ent ces­sé de prend­re leurs médi­ca­ments, d’au­tres ont été embau­chés pour la pre­miè­re fois. Un pati­ent avait été enchaî­né trois fois, trai­té une fois avec des médi­ca­ments anti­psy­cho­ti­ques, puis emme­né dans un camp de priè­re pen­dant un aut­re épi­so­de psychotique.

On a remar­qué que l’in­fir­miè­re se tour­nait davan­ta­ge vers les pro­ches pour poser leurs ques­ti­ons que vers les pati­ents eux-mêmes. Le ton était court et con­cis, il y avait peu de sym­pa­thie. Il y a eu de fré­quen­tes inter­rup­ti­ons dues aux appels télé­pho­ni­ques mobi­les. Les pati­ents se sont com­por­tés de maniè­re plu­tôt sou­mi­se. D’au­tres employés pren­nent beau­coup de temps à par­ler aux pati­ents et à leurs pro­ches, font preuve de beau­coup de pati­ence, mais bien sûr, c’est plus rapi­de si vous par­lez à vos pro­ches. Nous avons l’im­pres­si­on que les décisi­ons ne sont pas pri­ses ou même négo­ciées avec le patient.

Par­al­lè­le­ment à la con­sul­ta­ti­on, le Pro­fes­seur Koua, en col­la­bo­ra­ti­on avec un employé, a orga­ni­sé une for­ma­ti­on initia­le pour les agents de san­té sur la maniè­re de recon­naît­re et de trai­ter les per­son­nes att­ein­tes de mala­dies men­ta­les et épi­lep­ti­ques. Leur tâche sera d’al­ler dans les vil­la­ges et d’en­cou­ra­ger les mala­des à venir à la cli­ni­que, à par­ler aux famil­les et à res­ter en con­ta­ct avec les mala­des pen­dant le trai­te­ment. Cet­te for­ma­ti­on est une par­tie importan­te de not­re pro­jet. Huit agents de san­té étai­ent prés­ents, dont une femme. Les agents étai­ent très impli­qués, ils ont décrit des cas pro­b­lé­ma­ti­ques. Le mes­sa­ge du Pro­fes­seur Koua était très clair : à l’a­ve­nir, ils dev­rai­ent être char­gés de signa­ler les cas suspects à leur cent­re, mais ils n’ont pas à fai­re de dia­gnostic et, bien sûr, ils ne dev­rai­ent suiv­re aucun trai­te­ment. Il s’a­git plu­tôt d’é­ta­b­lir un con­ta­ct ent­re les pati­ents et leurs vil­la­ges et les cen­tres de san­té et de les accom­pa­gner. Ils con­nais­sent les pati­ents dans les vil­la­ges et dans les camps de priére 

En ce qui con­cer­ne la for­ma­ti­on psy­cho­lo­gi­que et la for­ma­ti­on con­ti­nue de l’é­qui­pe SAMENTACOM dans le trai­te­ment des mala­des men­taux, nous avons réus­si à recru­ter un psy­cho­lo­gue cli­ni­que d’A­bidjan. L’i­dée est qu’a­vec le pro­fes­seur Koua, il pro­du­i­ra une brochu­re dans laquel­le les élé­ments import­ants du trai­te­ment psy­cho­lo­gi­que seront expli­qués. Cet­te équi­pe peut alors reprend­re la for­ma­ti­on dans les dif­férents pos­tes de santé. 

3. coo­pé­ra­ti­on avec les Camps de Priè­re (CdP)

Les CdP sont des vil­la­ges avec des off­ran­des spi­ri­tu­el­les, qui accept­ent géné­ra­le­ment des mala­des men­taux et épi­lep­ti­ques cont­re paiement, le plus sou­vent pour de longues péri­odes, même cont­re la volon­té des per­son­nes con­cer­nées, à la deman­de de leurs pro­ches. Les mala­dies men­ta­les et l’é­pi­lep­sie sont ici inter­pré­tées reli­gieu­se­ment com­me la pos­ses­si­on de mau­vais esprits, et le trai­te­ment con­sis­te donc en priè­res et par­fois aus­si en tor­tures aux­quel­les les mala­des sont sou­mis afin de  chas­ser des mau­vais esprits. Pour que les pati­ents ne s’en­fu­i­ent pas ou ne cau­sent pas de dégâts, ils sont sou­vent enchaî­nés aux arbres en plein air, sou­vent pen­dant des années. Le che­min des pati­ents mène géné­ra­le­ment, par l’in­ter­mé­di­ai­re des gué­ris­seurs qui pra­ti­quent la méde­ci­ne tra­di­ti­on­nel­le, aux camps de priè­re, qui sont pour la plu­part ori­en­tés vers l’é­van­gé­li­sa­ti­on, avec des élé­ments reli­gieux tra­di­ti­on­nels qui jou­ent un rôle plus ou moins important. Face à l’im­puis­sance de nombreux pro­ches face aux mala­dies men­ta­les, l’hé­ber­ge­ment des mala­des dans des camps de priè­re leur appa­raît sou­vent com­me la seu­le solu­ti­on pos­si­ble. Les Camps de Priè­re sont donc d’u­ne impor­t­ance capi­ta­le, et le déve­lo­p­pe­ment d’u­ne coo­pé­ra­ti­on con­struc­ti­ve avec eux, si elle réus­sit, est une oppor­tu­ni­té pour le déve­lo­p­pe­ment des soins psych­ia­tri­ques en Afri­que occidentale.

Jus­qu’à pré­sent, il n’y a pas d’a­per­çu du nombre de Camps de Priè­re et de l’en­droit où ils sont situés. Ils ne sont enre­gis­trés nulle part et n’im­por­te qui peut éta­b­lir un tel camp. L’ob­jec­tif doit donc être une enquê­te natio­na­le en la matiè­re. A cet­te fin, SAMENTACOM a mené une enquê­te pilo­te dans la régi­on de Bouaké et l’a pré­sen­tée dans une brochu­re très réus­sie. 71 CdP ont été enre­gis­trés et car­to­gra­phiés, dont 40 ont été visi­tés. Si l’on extra­po­lait pour la Côte d’I­voi­re, il dev­rait y avoir envi­ron 2000 CdP dans ce pays.

Selon l’en­quê­te pilo­te, la gran­de majo­ri­té des CdP sont dis­po­sés à coo­pé­rer. Nous avons visi­té plu­sieurs CdP, dont un que nous avons visi­té l’an­née der­niè­re. Cepen­dant, après un accueil très ami­cal, il s’est avé­ré que les chefs reli­gieux avai­ent déci­dé de ne prier qu’a­vec les pati­ents et de ne plus per­mett­re à l’é­qui­pe SAMENTACOM d’ef­fec­tu­er des trai­te­ments médi­caux. Lors d’u­ne con­ver­sa­ti­on avec les anci­ens du vil­la­ge, le pro­fes­seur Koua a exhor­té tout le mon­de à auto­ri­ser le trai­te­ment, sinon ils entre­rai­ent en con­flit avec la loi. Nous avons vu trois pati­ents enchaî­nés au camp — dont l’un avait été déjà  enchaî­né il y a une année — y viv­re sans aide psych­ia­tri­que. On ne peut que spé­cu­ler sur les motifs du refus du réa­li­sa­teur de coo­pé­rer. Quoi qu’il en soit, peut-être qu’un con­ta­ct plus régu­lier et des ent­re­ti­ens régu­liers aurai­ent pu empêcher une tel­le rup­tu­re — avec le mes­sa­ge clair que détenir des pati­ents et refu­ser de les aider en même temps est une vio­la­ti­on de la loi et une vio­la­ti­on des droits humains qui ne sera pas tolé­rée. Tou­te­fois, la situa­ti­on juri­di­que et, en par­ti­cu­lier, la dimen­si­on des droits de l’hom­me d’u­ne tel­le action sem­blent géné­ra­le­ment assez peu con­nues. Pour les futurs con­flits de ce type avec les camps de prié­re, il est donc important de se rens­eig­ner sur la base juri­di­que et de sen­si­bi­li­ser les auto­ri­tés poli­ciè­res com­pé­ten­tes à ce problème. 

Cepen­dant, il est éga­le­ment deve­nu clair à quel point il est important d’ai­der les pati­ents et leurs pro­ches à apprend­re à s’ex­pri­mer et à repré­sen­ter leurs pro­p­res inté­rêts. Dans un vil­la­ge, nous avons mon­tré un film impres­si­on­nant : « La Mala­die du démon » de Judith Kug­ler. Une sug­ges­ti­on fai­te par le Pro­fes­seur Koua lors de cet­te réuni­on, avec les pati­ents et leurs pro­ches, de fon­der un grou­pe d’en­trai­de et d’in­vi­ter les auto­ri­tés loca­les et la poli­ce à y par­ti­ci­per, a reçu une lar­ge répon­se. La réuni­on de fon­da­ti­on était pré­vue pour  fin mai. 

4. Col­la­bo­ra­ti­on  avec l’au­to­ri­té phar­maceu­tique natio­na­le pour assu­rer l’ap­pro­vi­si­onne­ment en médicaments

Avec le pro­fes­seur Koua, nous avons eu une réuni­on avec des repré­sen­tants de l’Au­to­ri­té natio­na­le de phar­macie pour le sec­teur public (NPSP). L’ob­jec­tif était de par­ve­nir à un accord avec le NPSP qui les amè­ne­rait à com­man­der, payer et liv­rer les médi­ca­ments aux cen­tres impli­qués dans not­re pro­jet (et peut-être plus à l’a­ve­nir) à un coût moind­re que dans les phar­maci­es. Jus­qu’à pré­sent, nous avons envoyé des médi­ca­ments en Côte d’I­voi­re en col­la­bo­ra­ti­on avec Mede­or. Mede­or est une ONG alle­man­de qui liv­re des médi­ca­ments aux pays pau­vres à bas prix. 

Le NPSP ne don­ne pas les médi­ca­ments gra­tui­te­ment, mais les vend — bien que moins chers que les phar­maci­es — aux hôpi­taux, aux cen­tres de san­té, etc. Le NPSP vend éga­le­ment les médi­ca­ments aux hôpi­taux. En fin de comp­te, ils sont à nou­veau payés par les pati­ents et leurs pro­ches. Il n’y a pas de liv­rai­son gra­tui­te pour les pati­ents, sauf pour la tuber­cu­lo­se, les infec­tions au VIH et quel­ques autres mala­dies. Dans ces cas, les fonds inter­na­tion­aux four­nis­sent les médi­ca­ments et la liv­rai­son est gra­tui­te. D’au­tres médi­ca­ments sont aus­si sou­vent don­nés par des ONG internationales.

Lors de la réuni­on, il est appa­ru clai­re­ment que le NPSP ne vou­lait inter­ve­nir que si la quan­ti­té de médi­ca­ments néces­saires était si importan­te que l’ef­fort en valait la pei­ne. À cet­te fin, le NPSP veut recueil­lir des don­nées sur les médi­ca­ments qui ont été uti­li­sés et qui seront néces­saires à l’a­ve­nir. Ent­re-temps, il a été déci­dé que cet­te collec­te de don­nées par le NPSP sera bien­tôt effec­tuée dans tous les cen­tres con­nus qui trai­tent des pati­ents souf­frant d’é­pi­lep­sie et de mala­dies men­ta­les gra­ves en nombre suf­fi­sant, et que, sur cet­te base, les médi­ca­ments seront ache­tés par le NPSP lui-même à l’avenir. 

Résul­tats et tâches :

1. Nous avons vu le sol­de pour 2018/19 (jus­qu’au 31.3.2019), il est en ord­re. La pla­ni­fi­ca­ti­on pour 2019–2020 est esquis­sée, une pla­ni­fi­ca­ti­on détail­lée suit. 

2. Les paiements des pati­ents pour les médi­ca­ments four­nis par nous ou par Mede­or doiv­ent être enre­gis­trés et retour­nés au pro­jet. Ils doiv­ent être uti­li­sés pour finan­cer tout aut­re médi­ca­ment qui pour­rait s’a­vé­rer néces­saire ain­si que pour le tra­vail des cen­tres, par exemp­le pour finan­cer les moto­cy­clettes ou les salai­res des agents.

3. 20 agents de san­té seront spé­cia­le­ment for­més pour les mala­des men­taux et épi­lep­ti­ques. De ce nombre, 10 seront finan­cés par nous à l’a­ve­nir (2 cha­cun pour 5 cen­tres). Nous som­mes éga­le­ment prêts à payer les frais de maté­ri­el pour les agents. Le princi­pal pro­blè­me du pro­jet sera tou­jours de trou­ver les pati­ents dans les vil­la­ges et le CdP et de leur per­mett­re de rece­voir un trai­te­ment. Cet­te fonc­tion peut et doit être rem­plie princi­pa­le­ment par les agents. 

4. une super­vi­si­on men­su­el­le par les psych­ia­tres du pro­jet est visée. 

5. pour l’in­stant, il n’y aura pas d’au­tres cours de for­ma­ti­on cen­tra­le car suf­fi­sam­ment d’in­fir­miè­res ont déjà été for­mées pour cet­te pha­se du pro­jet. Au lieu de cela, il y aura des cours de for­ma­ti­on décen­tra­li­sés sur place dans les cen­tres de san­té et des cours de for­ma­ti­on pour le per­son­nel de la CdP. L’i­dée est de con­ti­nu­er à uti­li­ser le CdP, au moins en par­tie, en le trans­for­mant en véri­ta­ble sana­to­ri­um avec des con­trô­les et des con­di­ti­ons. Tou­te­fois, il res­te à voir com­bi­en de CdP sont prêts à le fai­re et à com­prend­re les con­cepts thé­ra­peu­ti­ques. Dans la mes­u­re du pos­si­ble, une for­ma­ti­on poli­ciè­re pour­rait et dev­rait éga­le­ment être offerte.

6. Par ail­leurs, un gui­de de for­ma­ti­on psy­cho­lo­gi­que dev­rait être éla­bo­ré par le psy­cho­lo­gue et le pro­fes­seur Koua, qui dev­rait d’a­bord lier l’é­qui­pe SAMENTACOM et ensui­te le per­son­nel des cen­tres de santé. 

7. Nous sou­ti­en­drons une Enquê­te Natio­na­le sur les Camps de Priè­re. Il sera réa­li­sé d’i­ci la fin de l’an­née. L’Uni­ver­si­té de Bouaké en est l’or­ga­nisme d’ap­pui. M. Koua sou­met la deman­de et effec­tue le cal­cul. Nous nous char­ge­ons du finan­ce­ment, que ce soit par not­re inter­mé­di­ai­re et/ou par le biais de fon­da­ti­ons coopérantes. 

8. La thé­ra­pie médi­ca­le sera pour­sui­vie sous une for­me plus dif­fé­ren­ciée. Il faud­rait accor­der plus d’at­ten­ti­on aux effets secon­dai­res, ain­si qu’à la com­pli­an­ce, y com­pris cel­le des par­ents et des camps de priére. 

9. Les don­nées sur la deman­de de dro­gues dans les cen­tres seront recueil­lies par le NPSP
Il est pré­vu que le NPSP, com­me pour tou­tes les autres mala­dies, pren­dra alors en char­ge la four­ni­tu­re de médi­ca­ments pour les mala­des men­taux et épileptiques.

10. La situa­ti­on juri­di­que con­cer­nant les vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me doit deve­nir plus clai­re. À cet égard, nous devons prend­re davan­ta­ge con­sci­ence du droit national.

11. Il nous a été recom­man­dé de négo­cier une con­ven­ti­on ent­re not­re Fon­da­ti­on et l’E­tat ivoiri­en ; not­re recon­nais­sance com­me ONG en Côte d’I­voi­re peut faci­li­ter not­re tra­vail dans ce pays avec les auto­ri­tés. Ceci est en préparation.

12. Le nombre de cen­tres du pro­jet n’est pas encore à aug­men­ter, mais la qua­li­té et la quan­ti­té du tra­vail dans les cen­tres doit être amé­lio­rée. Nous pou­vons ensui­te ajou­ter pro­gres­si­ve­ment des cen­tres indi­vi­du­els, si pos­si­ble ceux qui sont déjà à l’œu­vre et éven­tu­el­lement ori­en­tés reli­gieu­se­ment, même si nous con­venons qu’il s’a­git d’un modè­le pour l’en­sem­ble du pays et que tôt ou tard il dev­rait et peut être éten­du au niveau national. 


Avril 2019






Bur­ki­na Faso: Un infir­mier psych­ia­tri­que a com­men­cé à tra­vail­ler à Piéla

Avec le sou­ti­en de not­re Mind­ful Chan­ge Foun­da­ti­on, l’as­so­cia­ti­on Yen­faa­bi­ma à Piéla/Burkina Faso a pu enga­ger un infir­mier psych­ia­tri­que à par­tir du 1er mars 2019. Timo­thée Tinda­no, qui avec le pas­teur Tank­pa­ri Guitan­ga, à son initia­ti­ve, a mis en place une con­sul­ta­ti­on psych­ia­tri­que ambu­la­toire dans une régi­on rura­le du nord-est du Bur­ki­na Faso, repren­dra ce tra­vail. Sa mis­si­on et son sou­hait est de déve­lo­p­per des soins psych­ia­tri­ques com­mu­n­au­taires qui inclu­ent les éta­b­lis­se­ments de soins de san­té exi­s­tants. De cet­te façon, de nombreu­ses per­son­nes mala­des reçoiv­ent une aide pro­fes­si­onnel­le abord­a­ble. La Mind­ful Chan­ge Foun­da­ti­on accom­pa­gne­ra et déve­lo­p­pe­ra le déve­lo­p­pe­ment de ce travail.

Sym­po­si­um d’Am­nes­ty International

Vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me con­cer­nant des per­son­nes att­ein­tes de mala­die men­ta­le, d’é­pi­lep­sie et de han­di­cap men­tal – Le réseau Action Net­work for Health Pro­fes­si­ons d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal a orga­ni­sé un sym­po­si­um inter­na­tio­nal à Kassel.

Le 16.02.2019, un sym­po­si­um sur les vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me à l’en­cont­re des per­son­nes att­ein­tes de mala­die men­ta­le, d’é­pi­lep­sie et de han­di­cap men­tal a eu lieu au Gieß­haus de l’Uni­ver­si­té de Kas­sel. La con­fé­rence était orga­ni­sée par Akti­ons­netz Heil­be­ru­fe, finan­cée par Amnes­ty Inter­na­tio­nal et tra­du­i­te simul­ta­né­ment en deux lan­gues (ang­lais et alle­mand). Des mem­bres d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal, des repré­sen­tants d’ONG et d’au­tres par­ties intéres­sées étai­ent prés­ents, par­mi eux de nombreux mem­bres de pro­fes­si­ons thérapeutiques.

La mala­die du démon

La veil­le de la con­fé­rence, la réa­li­satri­ce Lilith Kug­ler a emme­né l’au­di­toire au Bur­ki­na Faso avec son pre­mier tra­vail pri­mé et a pré­sen­té la situa­ti­on des mala­des men­taux et épi­lep­ti­ques. Les per­son­nes att­ein­tes de psy­cho­se sont cachées dans des han­gars pour leur prop­re pro­tec­tion et cel­le de la com­mu­n­au­té et atta­chées aux arbres. Dans cer­tains cas, on uti­li­se des camps de priè­re qui sont situés loin de la com­mu­n­au­té, ne sont con­nus que dans le voi­si­na­ge immé­di­at et ne sont sou­mis à aucun con­trô­le. Ils y sont nour­ris par leurs pro­ches ou, s’ils ne leur ren­dent pas visi­te, par les mem­bres du camp. Le “trai­te­ment” se fait géné­ra­le­ment exclu­si­ve­ment par des priè­res afin d’ex­pul­ser les mau­vais esprits. Il n’y a pas d’ap­pro­vi­si­onne­ment psych­ia­tri­que de médi­ca­ments. Les mala­des pas­sent sou­vent des années sous un arb­re et le film mont­re l’ex­emp­le d’u­ne per­son­ne qui creu­se de plus en plus pro­fon­dé­ment dans la terre et d’au­tres qui se par­lent à eux-mêmes ou même qui se tai­sent com­plè­te­ment.  Sen­si­ble­ment et sans pathos, Lilith Kug­ler, accom­pa­gnée du pas­teur Tank­pa­ri Guitan­ga, pré­sen­te la situa­ti­on des soins et le con­tex­te de l’ex­pé­ri­ence et de l’ac­tion des per­son­nes sur place.  Le pas­teur rend visi­te à cer­tains pati­ents et essaie de les libé­rer de leurs chaî­nes et de leur trou­ver à nou­veau une place dans leur com­mu­n­au­té. Le pas­teur chré­ti­en essaie de com­bi­ner la cul­tu­re tra­di­ti­on­nel­le avec l’ac­com­pa­gne­ment humain et réa­li­sa­ti­ons du déve­lo­p­pe­ment médi­cal afin de ramener les gens à la civi­li­sa­ti­on et à la gué­r­i­son. Des trai­te­ments ambu­la­toires sont four­nis par l´infirmier psych­ia­tri­que Timo­thée Tinda­no qui voya­ge de loin et a une con­sul­ta­ti­on exter­ne deux jours par mois. Aus­si pour ces trai­te­ments l’ap­pro­vi­si­onne­ment en médi­ca­ments est un pro­blè­me majeur.

Les pati­ents indi­vi­du­els sont éga­le­ment infor­més des cours — sou­vent posi­ti­ves — de la mala­die, des con­sé­quen­ces de la mala­die pour eux et leurs famil­les. La situa­ti­on des assi­stants dans le pro­jet d’ai­de loca­le est éga­le­ment abor­dée.  Les mala­dies sont inter­pré­tées dans la tra­di­ti­on loca­le com­me des expres­si­ons d’ob­ses­si­on, ce qui con­du­it au fait que les démons doiv­ent être chas­sés ou appri­voi­sés. Les démons peu­vent aus­si sau­ter sur d’au­tres per­son­nes et les assi­stants sont donc éga­le­ment soup­çon­nés d’êt­re infec­tés par les démons. Mais le film mont­re aus­si com­ment les soins élé­men­taires peu­vent être déve­lo­p­pés avec des moy­ens simp­les. Cet­te pri­se en char­ge est en cours d’ex­ten­si­on avec l’ai­de de deux ONG allemandes.

La reá­li­satri­ce était pré­sent lors de la dis­cus­sion sui­v­an­te et a répon­du aux nombreu­ses ques­ti­ons. Pen­dant ce temps, elle est de retour au Bur­ki­na Faso, mon­trant son film là-bas — éga­le­ment aux per­son­nes qui par­ti­ci­pent au film — et elle et nous atten­dons avec impa­ti­ence la réso­nan­ce qui s’y fera. Le film peut être deman­dé pour des pro­jec­tions dans les ciné­mas et des évé­ne­ments afin d’att­eind­re un public plus lar­ge pour le sujet chez nous aus­si bien.

Posi­ti­on d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal sur la san­té men­ta­le et les droits humains. Point de départ et questions

Micha­el Hup­pertz, psych­iat­re, psy­cho­thé­ra­peu­te, socio­lo­gue et membre de l’Ak­ti­ons­netz Heil­be­ru­fe, a pré­sen­té dans sa con­fé­rence intro­duc­ti­ve le thè­me des vio­la­ti­ons cachées des droits de l’hom­me cont­re les mala­des men­taux et épi­lep­ti­ques dans les pays sans pres­que aucuns soins psych­ia­tri­ques. Il s’est expri­mé du point de vue des droits de l’hom­me sur les pro­blè­mes qui se posent sur la voie de l’a­mé­lio­ra­ti­on de leur situa­ti­on. Si, au cours des der­niè­res décen­nies, il a été ques­ti­on de mal­trai­tance des mala­des men­taux, c’est en rela­ti­on avec la cri­tique du trai­te­ment arbi­tr­ai­re et vio­lent dans le cad­re des insti­tu­ti­ons psych­ia­tri­ques. Mais beau­coup plus de per­son­nes en dehors des insti­tu­ti­ons psych­ia­tri­ques qu’à l’in­té­ri­eur de cel­les-ci sont pri­vées de leurs droits fon­da­men­taux. Cela est sim­ple­ment dû au fait qu’il y a envi­ron 1,5 mil­li­on de lits dans les éta­b­lis­se­ments psych­ia­tri­ques du mon­de ent­ier, mais au moins 200 fois plus de per­son­nes att­ein­tes d’u­ne mala­die men­ta­le gra­ve dans les pays pau­vres qui n’ont pas accès au trai­te­ment psych­ia­tri­que. Ce n’est que depuis une dizai­ne d’an­nées que le pro­blè­me, con­nu des experts depuis long­temps, a été por­té à la con­nais­sance du public princi­pa­le­ment par des jour­na­lis­tes d’investigation.

Les orga­ni­sa­ti­ons de défen­se des droits de l’hom­me, dont Amnes­ty Inter­na­tio­nal, n’ont guè­re prêté atten­ti­on à la situa­ti­on de cet­te gran­de par­tie de la popu­la­ti­on à ce jour. Il s’a­git donc aus­si d’in­clu­re ce grou­pe dans le mou­ve­ment des droits de l’hom­me. Pren­ant pour exemp­le le déve­lo­p­pe­ment d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal, il a expli­qué com­ment l’or­ga­ni­sa­ti­on s’est d’a­bord con­s­a­crée aux pri­son­niers poli­ti­ques et aux droits civils et poli­ti­ques, puis a fait cam­pa­gne de maniè­re géné­ra­le pour l’a­bo­li­ti­on de la tor­tu­re et de la pei­ne capi­ta­le. En 2001, le man­dat a été éten­du à la pro­tec­tion de tous les droits de l’homme. 

Par­fois, mais jamais de maniè­re glo­ba­le, la situa­ti­on des mala­des men­taux et des per­son­nes han­di­c­apées a éga­le­ment été pri­se en comp­te. Récem­ment, cepen­dant, la ques­ti­on sem­ble avoir atti­ré davan­ta­ge l’at­ten­ti­on au niveau inter­na­tio­nal, ce qui a été encou­ra­gé par d’im­port­an­tes con­ven­ti­ons inter­na­tio­na­les. Divers pro­blè­mes se sont posés en ce qui con­cer­ne la coo­pé­ra­ti­on avec les acteurs région­aux et éta­ti­ques, la trans­fé­ra­bi­li­té du con­cept moder­ne des droits de l’hom­me dans les régi­ons rura­les, la pos­si­bi­li­té pour les ONG d’in­flu­en­cer les négo­cia­ti­ons inter­na­tio­na­les et la poli­tique sani­taire natio­na­le. En par­ti­cu­lier, les ONG qui sont pra­ti­que­ment acti­ves sur le ter­rain doiv­ent gar­der à l’e­sprit qu’el­les ne con­tri­bue­nt pas à ce que les err­eurs de la psych­ia­trie occi­den­ta­le se répè­tent dans le déve­lo­p­pe­ment des soins psych­ia­tri­ques dans les pays plus pau­vres. En par­ti­cu­lier, la créa­ti­on de grands éta­b­lis­se­ments psych­ia­tri­ques sépa­rés dev­rait être reje­tée par­ce qu’el­le est inef­fi­cace et coû­teu­se et par­ce que ces éta­b­lis­se­ments sont par­ti­cu­liè­re­ment vul­né­ra­bles aux vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me dans des con­di­ti­ons pré­cai­res.  En out­re, les gou­ver­ne­ments des pays con­cer­nés, qui dépen­sent géné­ra­le­ment très peu ou pas du tout pour la san­té men­ta­le, ris­quent d’êt­re déchar­gés de tou­te responsa­bi­li­té en matiè­re de san­té men­ta­le. En ce qui con­cer­ne le déve­lo­p­pe­ment effi­cace et abord­a­ble des soins psych­ia­tri­ques dans le cad­re des soins de san­té géné­raux décen­tra­li­sés et ambu­la­toires, on peut, par cont­re, se réfé­rer à l’ex­per­ti­se inter­na­tio­na­le de l’OMS, par exemp­le. À la fin, Micha­el Hup­pertz a for­mu­lé de nombreu­ses ques­ti­ons aux par­ti­ci­pants à la con­fé­rence, dont les répon­ses pour­rai­ent être import­an­tes pour un enga­ge­ment futur d’Am­nes­ty International. 

San­té men­ta­le et droits de l’hom­me dans le mon­de — un aper­çu de la situa­ti­on actuelle

Wolf­gang Krahl du Réseau inter­na­tio­nal pour la coo­pé­ra­ti­on au déve­lo­p­pe­ment dans le domai­ne de la san­té men­ta­le, psych­iat­re et méde­cin légis­te, est actif depuis des décen­nies dans divers pays émer­gents et en déve­lo­p­pe­ment dans des pro­jets de recher­che, d’é­du­ca­ti­on et de coo­pé­ra­ti­on. Il a démon­tré de maniè­re impres­si­on­nan­te, sur la base de la Décla­ra­ti­on des droits de l’hom­me, que la san­té men­ta­le a long­temps été nég­li­gée dans la réa­li­sa­ti­on de ces droits humains. Les famil­les, en par­ti­cu­lier dans les pays pau­vres, sont les seu­les à sou­ten­ir les mala­des men­taux qui, pour leur prop­re pro­tec­tion et cel­le des autres, recou­rent à de nombreu­ses vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me, par exemp­le en enchaî­nant leurs pro­ches aux chaî­nes et en les enfer­mant. Le mei­lleur pro­gram­me anti-stig­ma­ti­sa­ti­on est un bon trai­te­ment et une bon­ne réha­bi­li­ta­ti­on ! Elle sou­la­ge éga­le­ment les famil­les tou­chées, les libè­re pour d’au­tres tâches et acti­vi­tés et con­sti­tue une aide con­crè­te au déve­lo­p­pe­ment. Selon le cata­lo­gue d’ob­jec­tifs de l’OMS, cela inclut de bons soins initi­aux pour les mala­des men­taux dans les com­mu­n­au­tés loca­les, la four­ni­tu­re de médi­ca­ments psy­cho­tro­pes, la for­ma­ti­on d’ex­perts en san­té men­ta­le, qui ne doiv­ent pas néces­saire­ment être des psych­ia­tres, ain­si qu’un tra­vail édu­ca­tif et la psy­choé­du­ca­ti­on. Cela néces­si­te la mise en œuvre par l’É­tat et la mise en réseau de divers sec­teurs, le sui­vi et la pour­sui­te de la recher­che. Il a souli­gné qu’en Euro­pe aus­si, le déve­lo­p­pe­ment de la psych­ia­trie a été un long pro­ces­sus qui a com­men­cé au XVIIIe siè­cle et qui a con­du­it aux pre­miè­res libé­ra­ti­ons des mala­des men­taux de leurs chaî­nes. Wolf­gang Krahl a éga­le­ment rap­pe­lé les vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me les plus com­plè­tes et les plus orga­ni­sées en Allema­gne ent­re 1933 et 1945 : dans le cad­re du pro­gram­me T4, 200 000 mala­des ont été sys­té­ma­ti­que­ment assas­si­nés, beau­coup de per­son­nes avec de mala­dies men­taux ont été sté­ri­li­sés de for­ce, avec la par­ti­ci­pa­ti­on importan­te de psych­ia­tres et de per­son­nel soignant. 

Wolf­gang Krahl a pré­sen­té com­bi­en d’ar­gent les États dépen­sent en soins psych­ia­tri­ques et com­ment l’é­cart ent­re les pays à reve­nu par habi­tant éle­vé et fai­ble diver­ge. Les pays à fai­ble reve­nu et à reve­nu inter­mé­di­ai­re infé­ri­eur con­s­a­crent géné­ra­le­ment moins de 1 % de leur fai­ble bud­get de san­té, par­fois rien du tout, au trai­te­ment de ces mala­dies. En con­sé­quence, des mil­li­ards de per­son­nes n’ont pas accès à des soins psych­ia­tri­ques. Après les mala­dies infec­ti­eu­ses et les bles­su­res, ce sont les mala­dies les plus courantes.

Il a mon­tré les con­sé­quen­ces dra­ma­ti­ques que cela peut avoir pour les per­son­nes tou­chées. En règ­le géné­ra­le, les gué­ris­seurs tra­di­ti­on­nels sont les pre­miers inter­lo­cu­teurs des per­son­nes tou­chées et de leurs famil­les. Les métho­des de gué­r­i­son tra­di­ti­on­nel­les pour­rai­ent éga­le­ment être effi­caces pour les for­mes légè­res de dépres­si­on, les addic­tions et les trou­bles névro­ti­ques. Dans les cas de dépres­si­on gra­ve, de schi­zo­phré­nie, de psy­cho­ses bipo­lai­res et d’é­pi­lep­sie les trai­te­ments psych­ia­tri­ques, y com­pris les psy­cho­tro­pes et les antié­pi­lep­ti­ques, dev­rai­ent être utilisés.

San­té men­ta­le et droits de l’hom­me en Côte d’Ivoire

Natha­lie Koua­k­ou, d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal Côte d’I­voi­re, a par­lé de la situa­ti­on dans son pays, où elle fait cam­pa­gne depuis plu­sieurs années pour l’ap­p­li­ca­ti­on des nor­mes rela­ti­ves aux droits humains dans le sys­tème de san­té. Les per­son­nes att­ein­tes de mala­dies men­ta­les sont par­ti­cu­liè­re­ment affec­tées dans la per­cep­ti­on et la défen­se de leurs droits et sont donc par­ti­cu­liè­re­ment pré­des­ti­nées à deve­nir vic­ti­mes de vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me. Bien que l’OMS défi­nis­se le droit à la san­té men­ta­le com­me une com­po­san­te cen­tra­le du bien-être, les per­son­nes att­ein­tes de mala­die men­ta­le, d’é­pi­lep­sie ou d’in­tel­li­gence rédu­i­te sont encore sou­vent stig­ma­ti­sées, exclues de l’é­du­ca­ti­on, des débats poli­ti­ques, des élec­tions, du droit de fon­der une famil­le, etc.  En Côte d’I­voi­re, tou­te la ques­ti­on de la situa­ti­on des mala­des men­taux est marginalisée.

Natha­lie Koua­k­ou a pré­sen­té la Con­ven­ti­on des Nati­ons Unies rela­ti­ve aux droits des per­son­nes han­di­c­apées et le Plan d’ac­tion pour la san­té men­ta­le, qui appel­lent à des amé­lio­ra­ti­ons socia­les pour les per­son­nes tou­chées au-delà du trai­te­ment médi­cal et visent à éli­mi­ner les obsta­cles à l’in­té­gra­ti­on. Ils veu­lent atti­rer l’at­ten­ti­on des respons­ables et des déci­deurs, les encou­ra­ger et leur indi­quer com­ment ils peu­vent con­tri­buer à la mise en œuvre de lignes directri­ces appro­priées et à la pro­tec­tion et à la garan­tie des droits des per­son­nes con­cer­nées. Tou­te­fois, la Con­ven­ti­on vise en par­ti­cu­lier la situa­ti­on en matiè­re de loge­ment, de vie et de trai­te­ment, dont le niveau doit répond­re à l’ac­crois­se­ment des con­nais­san­ces actu­el­les. Une image dif­fé­ren­te de la mala­die men­ta­le dev­rait éga­le­ment être intro­du­i­te dans la socié­té, par exemp­le par une mei­lleu­re édu­ca­ti­on de la popu­la­ti­on. Les trai­te­ments et héber­ge­ments dégrad­ants dev­rai­ent éga­le­ment être sanc­tion­nés, la pos­si­bi­li­té pour les per­son­nes con­cer­nées de s’en plaind­re doit être crée. Le gou­ver­ne­ment dev­rait four­nir des instru­ments pour ren­forcer les pati­ents et leurs famil­les, par exemp­le sous la for­me d’as­so­cia­ti­ons et de grou­pes d’en­trai­de. Les grands éta­b­lis­se­ments psych­ia­tri­ques des gran­des vil­les dev­rai­ent être rem­pla­cés par des soins psy­cho­so­ci­aux et médi­caux plus pro­ches du domic­i­le. Pour garan­tir tout cela, il faud­rait créer au sein de l’ad­mi­nis­tra­ti­on des ser­vices gou­ver­ne­men­taux de coor­di­na­ti­on et de pla­ni­fi­ca­ti­on. L’U­ni­on afri­cai­ne s’est éga­le­ment lar­ge­ment ral­liée aux pos­tu­lats de l’OMS, mais la visi­bi­li­té du pro­blè­me dans le pays res­te insuf­fi­san­te et le Minis­tè­re de la san­té man­que d’en­ga­ge­ment. La situa­ti­on pré­cai­re du man­que de res­sour­ces, d’u­ne part, et le man­que d’en­ga­ge­ment dans l’ap­p­li­ca­ti­on des direc­ti­ves, d’aut­re part, favo­ri­sent le main­tien des pra­ti­ques tra­di­ti­on­nel­les de la com­pré­hen­si­on reli­gieu­se-cul­tu­rel­le des défi­ci­en­ces men­ta­les avec le dan­ger de mau­vais trai­te­ments, de mépris et d’ex­clu­si­on con­ti­nus des per­son­nes affec­tées. Cela inclut éga­le­ment les abus sexu­els dans le cad­re de la pen­sée magi­que ain­si que les enlè­ve­ments et les pré­lè­ve­ments d’organes. 

Mal­gré le pro­ces­sus par ail­leurs dyna­mi­que du déve­lo­p­pe­ment du pays, la pen­sée magi­que de la cul­pa­bi­li­té, de la magie et de l’ob­ses­si­on prévaut ici. Out­re les soins médi­caux déjà insuf­fi­sants dans le pays, qui a encore été tou­ché par le coup d’É­tat mili­taire de 1999, diver­ses cri­ses et la guer­re civi­le de 2002–2011, l’in­ci­dence des trau­ma­tis­mes s’est accrue. Les soins psych­ia­tri­ques sont rares et seu­le­ment 25 % des districts sani­taires ont une for­me quel­con­que de soins psych­ia­tri­ques. D’aut­re part, la Côte d’I­voi­re a une nou­vel­le con­sti­tu­ti­on en 2016 qui sti­pu­le que tou­tes les per­son­nes han­di­c­apées doiv­ent être pro­té­gées cont­re la discri­mi­na­ti­on et que per­son­ne ne doit être défa­vo­ri­sé en rai­son de son état men­tal ou physique.

Dans ses con­clu­si­ons, Natha­lie Koua­k­ou a souli­gné la néces­si­té de pour­suiv­re les recher­ches sur l’é­pi­dé­mio­lo­gie, les don­nées socio­lo­gi­ques et le sta­tut juri­di­que des mala­dies en ques­ti­on en Côte d’I­voi­re, d’a­mé­lio­rer l’ac­ces­si­bi­li­té des pre­miers points de con­ta­ct dans les muni­ci­pa­li­tés, éga­le­ment pour les mala­des men­taux, d’in­ves­tir dans la for­ma­ti­on du per­son­nel spé­cia­li­sé, mais aus­si sou­ten­ir la for­ma­ti­on de volon­taires dans les struc­tures vil­la­geoi­ses, afin de con­sti­tu­er un bon réseau de sou­ti­en et un tra­vail éducatif.

De l’Afri­que de l’Ou­est à l’A­sie du Sud-Est : Trans­for­mer l’ac­cès aux soins de san­té men­ta­le grâce à l´intiative « droits à la qua­li­té » de l’OMS et au tra­vail de san­té men­ta­le de CBM

Car­men Val­le tra­vail­le com­me con­sul­tan­te pour des pro­jets de san­té men­ta­le de la Christof­fel-Blin­den-Mis­si­on (cbm), notam­ment en matiè­re d’é­du­ca­ti­on aux droits de l’hom­me, dans divers pays d’Afri­que et d’A­sie. Elle a sui­vi l’ex­pé­ri­ence et les modè­les de solu­ti­ons de son orga­ni­sa­ti­on. Elle a décrit com­ment il est pos­si­ble de créer des réseaux de base sur le ter­rain, d’ai­der les déci­deurs et les per­son­nes qui s’oc­cup­ent des per­son­nes han­di­c­apées. La Cbm s’ap­pu­ie ent­re autres sur des grou­pes dits de pairs, c’est-à-dire des per­son­nes qui ont de l’ex­pé­ri­ence dans la vie et jouis­sent du respect de la com­mu­n­au­té. Ils dev­rai­ent être ouverts d’e­sprit pour la mise en œuvre des soins psych­ia­tri­ques soci­aux dans les com­mu­n­au­tés. Elle a pré­sen­té de maniè­re impres­si­on­nan­te un con­cept bien pen­sé aux dif­férents niveaux de la maniè­re dont les pays pour­rai­ent con­ti­nu­er à main­tenir et à déve­lo­p­per le sys­tème sans l’ap­pui per­si­stant des ONG. Les soins de san­té men­ta­le et la pri­se en comp­te de la situa­ti­on des mala­des men­taux, des per­son­nes stig­ma­ti­sées souf­frant d’é­pi­lep­sie et de trou­bles men­taux dev­rai­ent être inté­grés dans le con­cept glo­bal du tra­vail de déve­lo­p­pe­ment, par exemp­le dans les pro­jets édu­ca­tifs dans les éco­les et jardins d’en­fants. L’i­dée de l’in­clu­si­on peut éga­le­ment être intro­du­i­te à un sta­de pré­coce, ain­si qu’au cours des réuni­ons de par­ents et de la com­mu­n­au­té. Cela ren­for­ce éga­le­ment la pri­se de con­sci­ence de la vul­né­ra­bi­li­té par­ti­cu­liè­re des per­son­nes tou­chées par les agres­si­ons et les abus et donc le con­trô­le social, qui peut ser­vir de pro­tec­tion. Le con­cept de leur orga­ni­sa­ti­on est de four­nir une aide d’ur­gence dans les pays à seuil et les pays en déve­lo­p­pe­ment, par exemp­le après des trem­ble­ments de terre, des tsu­na­mis, etc., en plus des besoins dits fon­da­men­taux, et de se con­cen­trer sépa­ré­ment sur la san­té men­ta­le et le tra­vail local. Dans le mon­de ent­ier, des for­ma­teurs sur place sont for­més aux pre­miers secours en cas de trau­ma­tisme, con­for­mé­ment aux direc­ti­ves de l’OMS.

La situa­ti­on des per­son­nes trau­ma­ti­sées au Libéria

Susan­ne Gros­se, spé­cia­lis­te en sci­en­ces socia­les à l’Uni­ver­si­té de Kas­sel, en tant qu’hô­tes­se de l’é­vé­ne­ment au Gieß­haus, a assu­ré une atmo­s­phè­re de con­fé­rence agré­a­ble. Mais, en vue de son pro­chain séjour de recher­che au Libé­ria, elle a non seu­le­ment ren­du comp­te de la situa­ti­on tout aus­si cata­stro­phi­que des per­son­nes trau­ma­ti­sées, avec des films et du maté­ri­el visu­el, mais a éga­le­ment pré­cisé sur la base des nor­mes en la matiè­re qu´il n´y a pas si long­temps que nous som­mes plus loin des soins pau­vres en Allema­gne. L´enquête psych­ia­tri­que et les com­mis­si­ons des visi­teurs ont per­mis d’a­mé­lio­rer la trans­pa­rence et les nor­mes, mais elles doiv­ent être con­stam­ment amé­lio­rées. Ce sont pré­cis­é­ment les per­son­nes con­cer­nées qui ont du mal à défend­re leurs droits. Dans les pro­jets au Libé­ria, les gens sont for­més au sou­ti­en psy­cho­so­cial, en par­ti­cu­lier pour les nombreu­ses per­son­nes trau­ma­ti­sées dans le pays. Des mil­liers d’an­ci­ens enfants sol­dats recru­tés ont main­ten­ant gran­di et ont leur prop­re famil­le, mais sont sou­vent por­teurs de séquel­les trau­ma­ti­ques — avec de gra­ves con­sé­quen­ces pour eux-mêmes et pour la société.

L’im­por­t­ance pra­tique des con­ven­ti­ons inter­na­tio­na­les rela­ti­ves aux droits de l’hom­me pour le déve­lo­p­pe­ment des soins psychiatriques

Mar­gret Oster­feld, psych­iat­re à la retrai­te et enga­gée dans l’Ak­ti­on Psy­chisch Kran­ke e.V., a non seu­le­ment été une cri­tique enga­gée lors de con­fé­ren­ces pré­cé­den­tes, mais elle a éga­le­ment par­lé de son tra­vail au Sous-comi­té des Nati­ons Unies pour la pré­ven­ti­on de la tor­tu­re, dans le cad­re duquel des équi­pes visi­tent régu­liè­re­ment des éta­b­lis­se­ments de soins dans divers pays et éta­b­lis­sent des rap­ports sur la mes­u­re dans laquel­le les nor­mes cor­re­spondan­tes sont respec­tées ou non. Ces équi­pes ont géné­ra­le­ment accès à tous les éta­b­lis­se­ments de san­té men­ta­le et pré­pa­rent des rap­ports sur la situa­ti­on des droits de l’hom­me dans ces éta­b­lis­se­ments. S’ils n’y ont pas accès sans restric­tion, ils ces­sent de tra­vail­ler. Les rap­ports sont trans­mis aux auto­ri­tés com­pé­ten­tes et des pro­po­si­ti­ons sont fai­tes pour amé­lio­rer la situa­ti­on. Une publi­ca­ti­on au-delà de cela vise, mais l’or­ga­ni­sa­ti­on y renon­ce, si les gou­ver­ne­ments desti­na­taires ne sont pas d’ac­cord, afin de ne pas mett­re en dan­ger la coo­pé­ra­ti­on future.

Dis­cus­sion sur le podi­um et avec le public

Les con­fé­ren­ces — ani­mées par Mir­jam Ibold, psy­cho­lo­gue et membre du Réseau Action des pro­fes­si­onnels de la san­té — ont été accom­pa­gnées de dis­cus­sions ani­mées qui ont eu beau­coup de temps. La table ron­de fina­le — ani­mée par Gesi­ne Heet­der­ks, psych­iat­re et neu­ro­lo­gue — s’est con­cen­trée sur la ques­ti­on de savoir quel­les serai­ent les con­sé­quen­ces pour la par­ti­ci­pa­ti­on éven­tu­el­le d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal. Il y a eu con­sen­sus sur le fait qu’u­ne dou­ble stra­té­gie aurait du sens pour amé­lio­rer la situa­ti­on des per­son­nes att­ein­tes de mala­die men­ta­le et d’é­pi­lep­sie. D’u­ne part, un chan­ge­ment dura­ble de leur situa­ti­on ne peut être obte­nu que si une influ­ence appro­priée est exer­cée sur le gou­ver­ne­ment. Les États con­cer­nés ont signé diver­ses con­ven­ti­ons import­an­tes pour les droits de l’hom­me, dont l’im­portan­te Con­ven­ti­on rela­ti­ve aux droits des per­son­nes han­di­c­apées de 2008. Ils peu­vent et doiv­ent être sen­si­bi­li­sés au fait que la situa­ti­on de ces per­son­nes est une vio­la­ti­on des droits humains élé­men­taires. D’aut­re part, les vio­la­ti­ons des droits de l’hom­me tel­les que l’en­chaî­ne­ment de per­son­nes ne sont géné­ra­le­ment pas le résul­tat de motifs sadi­ques, mais plu­tôt d’un man­que d’al­ter­na­ti­ves et d’im­puis­sance dans la lut­te cont­re ces mala­dies mys­té­ri­eu­ses. Une tel­le stra­té­gie poli­tique ne peut donc être cou­ron­née de suc­cès que si elle s’ac­com­pa­gne de pro­jets pilo­tes appro­priés qui mon­t­rent que même dans des pays pau­vres com­me le Bur­ki­na Faso, la Côte d’I­voi­re ou l’E­thio­pie, décrit en détail au cours de la réuni­on, les soins médi­caux pour ces per­son­nes sont pos­si­bles à un coût abord­a­ble et peu­vent donc être inté­grés aux pro­gram­mes sani­taires publics. Il ne s’a­git donc pas de mett­re les gou­ver­ne­ments au pil­ori, mais d’u­ti­li­ser ces pro­jets pilo­tes pour les per­sua­der de coo­pé­rer, dans leur prop­re inté­rêt, car c’est ain­si qu’un pro­blè­me fon­da­men­tal des droits de l’hom­me dans leur pays peut être trai­té et peut-être résolu.

Il s’a­git de pro­mou­voir une appro­che encou­ra­ge­an­te et uti­le auprès de ces per­son­nes par l’é­du­ca­ti­on sur la mala­die men­ta­le, l’é­pi­lep­sie et le han­di­cap men­tal et, sur­tout, par de réel­les amé­lio­ra­ti­ons dans le trai­te­ment et les soins des per­son­nes tou­chées. Cet­te infor­ma­ti­on et ces encou­ra­ge­ments doiv­ent impli­quer les per­son­nes con­cer­nées et leurs famil­les, les agents de san­té, mais aus­si les auto­ri­tés et la socié­té civi­le. La devi­se “Ne pas blâ­mer” doit être pri­se en comp­te dans la mes­u­re du pos­si­ble. Les com­men­taires doiv­ent être réa­lis­tes et per­mett­re de sau­ver la face pour les gou­ver­ne­ments respons­ables, de sor­te que des enquê­tes plus appro­fon­dies, des examens de déve­lo­p­pe­ment, de nou­vel­les pro­po­si­ti­ons, etc. puis­sent être faits en coo­pé­ra­ti­on con­stan­te avec les administrations.

Gud­run Brünner


Docu­men­taire “La Mala­die du Démon”

Le film “La Mala­die du Démon” (2018) du réa­li­sa­teur Lilith Kug­ler mont­re la situa­ti­on des mala­des men­taux et épi­lep­ti­ques au Bur­ki­na Faso ain­si qu’un pro­jet d’ai­de que nous sou­ten­ons (voir “Pro­jets” sur ce site). Le film est éga­le­ment uti­li­sé dans les pro­jets au Bur­ki­na Faso et en Côte d’I­voi­re pour for­mer les agents de san­té et sen­si­bi­li­ser la popu­la­ti­on et le public.

Si vous sou­hai­tez mon­trer le film, veuil­lez nous con­ta­c­ter ou con­ta­c­ter Lilith Kug­ler. A par­tir de l’aut­om­ne, vous pou­vez éga­le­ment ache­ter le film en DVD.