Le MCF opère actuellement dans deux régions de l’Afrique de l’Ouest : Autour de Bouaké dans le centre de la Côte d’Ivoire et autour de Piéla au Burkina Faso.
Les deux projets sont présentés sur cette page.
Dans les environs de Bouaké, deuxième plus grande ville de Côte d’Ivoire, nous soutenons le projet SAMENTACOM, en collaboration avec l’université locale et le Programme National de Psychiatrie.
Pour la situation actuelle, lisez ici le rapport d’activité pour les années 2019/2020.
Il est dirigé par un professeur de psychiatrie dévoué, le professeur Koua, et vise à établir un réseau de soins pour les personnes souffrantes de maladies mentales et épileptiques et de handicaps psychosociaux dans les régions rurales environnantes. Au centre du concept se trouve le travail psychiatrique ambulatoire de la communauté en coopération avec les centres de santé existants, qui sont à l’avant-garde mais ne sont pas encore équipés pour le traitement de ce groupe de patients. Pour cette raison, des infirmières et d’autres assistants sont formés dans les postes de santé ruraux et formés pour diagnostiquer et traiter ces maladies.
Le personnel des postes de santé, qui assurent la médiation entre les centres de santé et les villages (agents de santé), mais qui n’ont eux-mêmes qu’une faible formation, doit être formé pour rendre visite aux personnes atteintes de maladie mentale et d’épilepsie dans les villages, leur offrir des soins et continuer à les accompagner. En outre, l’information et le conseil des proches et des communautés villageoises sont importants afin de permettre une vision différente de ces maladies et de promouvoir l’intégration des patients dans leur environnement social familier. Des groupes d’entraide sont également initiés et soutenus dans le cadre de ce projet. Ainsi, 1000 patients recevront une aide ambulatoire d’ici fin 2019.
Le projet SAMENTACOM sera progressivement étendu à l’ensemble de la Côte d’Ivoire, ce qui prendra certainement de nombreuses années. Des contacts réguliers sont donc maintenus avec les autorités sanitaires locales et régionales et le ministère national de la santé, qui seront également tenus informés de l’avancement du projet. D’une part, nous voudrions montrer que l’aide psychiatrique est également possible avec des ressources limitées et, d’autre part, nous voudrions essayer d’attirer l’attention de l’État ivoirien sur sa responsabilité en matière de santé mentale et de respect des droits humains.
En préparation de ce projet, les membres de la MCF étaient déjà à Bouaké et dans les zones rurales environnantes en 2018, où ils ont vu le sort des malades, isolés dans les communautés villageoises et vivant souvent à l’extérieur dans des camps de prière (CdP). Les CdP sont des villages avec des offrandes religieuses, qui acceptent généralement des malades mentaux et épileptiques contre paiement, le plus souvent pour de longues périodes, même contre la volonté des personnes concernées, à la demande de leurs proches. Les maladies mentales et l’épilepsie sont ici interprétées religieusement comme l’obsession des mauvais esprits, et le traitement consiste donc en prières et en partie aussi en tortures auxquelles les malades sont soumis afin de chasser des mauvais esprits. Pour que les patients ne s’enfuient pas ou ne causent pas de dégâts, ils sont souvent enchaînés aux arbres en plein air, souvent pendant des années. Le chemin des patients mène généralement, par l’intermédiaire des guérisseurs qui pratiquent la médecine traditionnelle, aux camps de prière, qui sont pour la plupart orientés vers l’évangélisation, avec des éléments religieux traditionnels qui jouent un rôle plus ou moins important. Face à l’impuissance de nombreux proches face aux maladies mentales, l’hébergement des malades dans des camps de prière leur apparaît souvent comme la seule solution possible. Les Camps de Prière sont donc d’une importance capitale et le développement d’une coopération constructive avec eux est une opportunité pour le développement des soins psychiatriques en Afrique de l’Ouest. Nous sommes convaincus que la superstition et l’exclusion des malades mentaux diminueront à mesure que la bonne aide deviendra visible et tangible.
Une étude pilote a couvert un total de 71 Camps de Prière dans la région de Bouaké, dont 40 ont été étudiés. Cela a été documenté. Dans une étape ultérieure, tous les Camps de Prière en Côte d’Ivoire seront enregistrés et feront l’objet d’une enquête sélective.
Le projet travaille avec l’autorité pharmaceutique nationale pour développer l’approvisionnement des centres en médicaments.
Notre dernière visite au projet a eu lieu en avril 2019 (voir le rapport de voyage).
Partout en Afrique de l’Ouest (et pas seulement là-bas), les malades psychiatriques sont exclus et enfermés. C’est aussi ce qui se passe tous les jours au Burkina Faso. Le pasteur et musicien Tankpari Guitanga a observé la misère pendant longtemps et a ensuite décidé dàgir. En mai 2015, il fonde l’organisation humanitaire Yenfaabima e.V. et commence son travail dans une petite maison louée dans la communauté de Piéla à l’est du Burkina Faso.
Au départ, 40 personnes sont venues pour des consultations psychiatriques mensuelles, mais l’offre du centre s’est rapidement étendue et a été diffusée à la radio. Depuis longtemps plusieurs centaines de malades mentaux se rendent chaque mois à Piela – venant de loin — pour se faire soigner. Les soignants qui s‘occupaient des malades mentaux, qui assuraient les consultations mensuelles de plusieurs jours, sont venus de la capitale Ouagadougou et d’Ouahiguya, à 360 kilomètres de là jusqu‘ici. Grâce à notre soutien financier, l’un des infirmiers — Timothée Tindano — s’est vu offrir la possibilité de travailler directement à Piela, de sorte qu’il n’a plus à parcourir autant de kilomètres. Il a volontiers accepté cette offre et utilisera une partie de son travail pour contacter les centres de santé environnants et former les infirmières et agents de santé locaux. Il devrait également informer les autorités locales de la situation des malades mentaux, visiter les Camps de Prière et les motiver à coopérer.
Lisez ici les rapports actuels sur le travail de Yenfaabima.